Avant j'avais en horreur les patients qui venaient en meute à leur rendez-vous, comme si il fallait ramener tous ses enfants et la grand-mère (alors que la grand-mère aurait pu garder les enfants tranquillement à la maison par exemple). J'ai toujours trouvé ce pèlerinage familial perturbant (la peur du nombre ?).
Puis j'ai changé de région (et d'ambiance) et j'ai découvert de nouveaux patients qui ne parlent pas un mot de français. Ou qui ne comprennent pas des phrases entières du moins.
Et là j'ai du réviser mes positions. Certes c'est très embêtant de passer le soin avec une tierce personne qui nous scrute (l'accompagnant prend rarement de la lecture ou de quoi se distraire, généralement il fixe ou surveille, ce qui est loin d'être évident), mais il faut bien avouer qu'expliquer à quelqu'un qui ne parle pas notre langue ce qu'on va lui faire ou ce qu'il a est très ennuyant.
Je pourrais faire des soins sans parler il est vrai, mais ce n'est pas dans ma nature.
Ma blague préférée est que je devrais me mettre au mandarin mais vu le nombre de dialectes chinois je ne suis pas sûre qu'ils le parlent tous. En attendant de maîtriser toutes les langues de l'Est européen à l'Asie, je me contente des traducteurs de fortune.
Parfois ils viennent seuls et j'ai le droit à de grands moments de solitude puis la fille me rappelle pour savoir ce que j'ai raconté, ou vérifier l'ordonnance, pour exprimer les doutes ou craintes.
Suivant les familles, c'est parfois uniquement les jeunes enfants qui parlent français et là encore on tient des dialogues surréalistes à des enfants de 8 ans pour que la grande-soeur explique à la petite de 5 ans et sa mère au passage ce que je dois faire.
Parfois (rarement) je fais des consultations en anglais, dont une avec une petite de 8 ou 9 ans qui arrivait de Colombie.
Je sais que certains confrères exècrent ces patients, d'autres en profitent pour rester en position paternaliste dominante et ne pas chercher à avoir ni consentement éclairé ni accord.
Généralement ce ne sont pas les patients les plus embêtants car ils n'osent pas s'exprimer mais c'est usant de répéter certaines indications 10 fois, de penser avoir été comprise et se rendre compte qu'on aurait pu leur demander n'importe quoi ils auraient répondu oui.
Il serait bien riche l'éditeur qui publierait un dictionnaire imagé de chaque acte courant ! En attendant je crayonne ...
Je sais que certains confrères exècrent ces patients, d'autres en profitent pour rester en position paternaliste dominante et ne pas chercher à avoir ni consentement éclairé ni accord.
Généralement ce ne sont pas les patients les plus embêtants car ils n'osent pas s'exprimer mais c'est usant de répéter certaines indications 10 fois, de penser avoir été comprise et se rendre compte qu'on aurait pu leur demander n'importe quoi ils auraient répondu oui.
Il serait bien riche l'éditeur qui publierait un dictionnaire imagé de chaque acte courant ! En attendant je crayonne ...